Livres de recherches de Sylvie Mamy
Je vous présente ici mes livres écrits durant ma carrière d’écrivaine musicologue.
Après une courte présentation, vous aurez la possibilité de les commander sur Amazon ou sur la Fnac pour approfondir le sujet.
Chaliapine
À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Féodor Chaliapine.
Né dans un milieu très pauvre, attiré par une force obscure vers le monde du chant et des théâtres, il s’enrôla très jeune dans des troupes nomades qui sillonnaient la Russie. Rapidement il fut intégré dans le cercle du grand mécène Savva Mamontov qui dirigeait à Moscou son propre théâtre : l’Opéra Privé de Moscou (années 1896-1899). Conception globale du spectacle artistique, en particulier de l’opéra russe par une recherche dans les fonds historiques et sur place. Conversations, échanges intenses avec l’acteur Constantin Stanislavski, l’historien Vassili Klioutchevski, le critique d’art Vladimir Stassof, les peintres Isaac Levitan, Viktor et Apollinare Vasnetsov, Vassili Polenov, Mikhail Vroubel et Constantin Korovine, le sculpteur Mark Antokolski, et surtout l’écrivain Maxime Gorki. Puis il devint l’une des plus grandes vedettes des Théâtres Impériaux, à Saint-Pétersbourg et au Bolchoi à Moscou. Il vint à Paris dans les années 1908-1913 avec la troupe d’opéra et de ballet russe constituée par Serge Diaghilev et étonna les Parisiens sur la scène de l’opéra Garnier dans le rôle de Boris Godounov de Moussorgski. Ce qu’on découvrait ce n’était pas seulement un grand chanteur, une basse, mais aussi un immense acteur. Il participa en 1913 à la somptueuse ouverture du Théâtre des Champs-Élysées. Rentré en Russie il vécut la période très difficile de la Première Guerre mondiale puis la Révolution d’octobre 1917. Jugeant que sa situation (comme celle de la vie artistique) était très dégradée, il décida de fuir avec sa famille en 1923 et vint s’installer à Paris. Toutefois, il fit une très brillante carrière en Amérique, devint une star du Metropolitan Opera à New York jusqu’à la crise économique de 1929 qui le ramena en Europe. Chaliapine s’illustra dans des rôles aussi différents que les tsars Boris Godounov et Ivan le Terrible (Rimski-Korsakov), que le personnage bouffe et typiquement italien du Don Basilio dans le Barbier de Séville de Rossini. Jules Massenet écrivit pour lui le Don Quichotte (Monte Carlo 1910) et le réalisateur allemand G.W. Pabst un autre Don Quichotte, cette fois pour le cinéma. Paris lui fit fête aussi par plusieurs galas qui lui furent dédiés, à l’Opéra-Comique, dans les années 1930. Il fut aussi l’un des premiers chanteurs qui, comme son ami italien, Enrico Caruso, put enregistrer sa voix et nous laissa de multiples airs enregistrés en studio et en live.
Livres de Sylvie Mamy sur Venise au dix-huitième siècle
Les grands castrats napolitains à Venise au XVIIIe siècle
À l’époque baroque, le San Giovanni Grisostomo était considéré comme le plus important théâtre de Venise et l’un des temples de l’opera seria les plus renommés en Europe. Ses loges somptueuses accueillaient les puissantes familles patriciennes de la ville, les ambassadeurs étrangers et les princes venus de contrées lointaines qui s’émerveillaient devant le luxe de la salle, la féérie des décors, la beauté des œuvres, le talent et la virtuosité des grands chanteurs qu’ils y entendaient.
En me fondant sur les archives, les livrets d’opéra et les manuscrits musicaux qui nous sont parvenus, consultés surtout sur place, à Venise, mais aussi à Paris, à Londres et dans d’autres grandes villes européennes, je me suis efforcée de reconstituer la vie théâtrale vénitienne de cette époque et de montrer le choc que provoqua, au début du dix-huitième siècle, l’arrivée des grands castrats d’origine napolitaine sur les prestigieuses et aristocratiques scènes de la République Sérénissime.
Les castrats
La musique à Venise et l’imaginaire français des Lumières
d’après les sources vénitiennes conservées à la Bibliothèque nationale de France (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Bibliothèque nationale de France, 1996, 463 p.
La Bibliothèque nationale de France conserve plusieurs centaines de partitions vénitiennes, imprimées et manuscrites, d’une très grande valeur musicale et culturelle, dont la simple présence dans notre pays constitue une énigme. Comment ces œuvres sont-elles arrivées en France, alors que depuis 1672 – date à laquelle Jean-Baptiste Lully prend la tête de l’Académie royale de musique – et jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, aucun opera seria ultramontain n’est créé sur une scène française ? J’ai tenté de suivre à la trace le voyageur français qui, au dix-huitième siècle, frappe à la porte des copistes de musique de la Cité des doges avec l’ardent espoir de rapporter dans sa malle une aria chantée au théâtre par Farinelli ou par Faustina Bordoni, fragile évocation de l’émotion d’un instant qu’au retour il rangera secrètement sur un rayon de sa bibliothèque. J’ai laissé la partition raconter son histoire, afin de jeter un éclairage inattendu sur la diffusion et la réception de l’opéra italien en France et sur les relations entre Paris et Venise au siècle des Lumières, tout en enrichissant un pan entier de l’histoire musicale européenne. C’est mon plaisir et mon rêve d’une Venise aujourd’hui disparue que j’ai voulu partager avec mon lecteur.
Cet ouvrage est issu d’une thèse de doctorat d’État et d’une recherche réalisée dans le cadre d’une Convention entre le CNRS et la Bibliothèque nationale de France.
- Prix de la Meilleure étude musicologique (Musicora 1997)
Antonio Vivaldi
Au-delà des célèbres Quatre Saisons qui servent à toutes les illustrations sonores, la vie et l’œuvre de Vivaldi restèrent longtemps totalement inconnues. Son exceptionnelle virtuosité violonistique, les centaines de concertos et de sonates qu’il composa pour son instrument ne cachent plus désormais la qualité et l’abondance de ses œuvres vocales : la musique religieuse (psaumes, motets, oratorios, tels que la Juditha triumphans) et les nombreux opéras, que l’on découvre peu à peu de nos jours. Dans cette biographie de l’un des plus illustres artistes vénitiens, je retrace la vie tumultueuse et pleine de paradoxes du compositeur-interprète que tout le monde en son temps appelait le Prêtre roux (alors qu’il ne célébrait pas la messe), travaillait pour les théâtres, composait, dirigeait, tenant le rôle de l’imprésario, se mêlait aux intrigues, aux procès, aux rivalités entre chanteurs et négociait avec fermeté les contrats pour sa cantatrice favorite, Anna Giro. Je pénètre dans le milieu très fermé de l’hospice de la Pietà, où Vivaldi enseignait le violon à des jeunes filles recluses. Je tente de faire ressentir l’animation qui régnait dans les quartiers populaires de la Venise du Settecento, ainsi que l’atmosphère des somptueuses fêtes organisées dans les palais de l’aristocratie vénitienne auxquelles étaient conviés des princes venus de toutes les grandes cours d’Europe. Je montre comment la notoriété du compositeur-interprète virtuose se propagea, depuis Venise jusqu’à Munich, Prague, Londres, Paris et Vienne où lui-même voyagea et décéda en juillet 1741.
- Grand Prix des Muses (Prix des Muses 2012 – Fondation Singer-Polignac – Sacem – ACDA ; Claude Samuel, président du Jury)
Mes collaborations avec la Fondation Giorgio Cini (Venise, San Giorgio Maggiore)
Plus particulièrement L’Institut pour la Musique, dans la personne de son regretté fondateur et directeur Giovanni Morelli.
Antonio Conti. Lettere da Venezia a Madame la Comtesse de Caylus 1727-1729. Con l’aggiunta di un Discorso sullo Stato della Francia
Savant, érudit et homme de plume vénitien, l’Abbé Antonio Conti (1677-1749) effectua, entre 1713 et 1726, un long séjour à Paris où il fut en relation avec de nombreux hommes de sciences, philosophes et écrivains majeurs des Lumières, ainsi qu’avec la colonie italienne fixée dans la capitale : diplomates, hommes de lettres, gens de théâtre tels que Luigi Riccoboni, et artistes comme la pastelliste vénitienne Rosalba Carriera. Il devint l’ami intime de la Comtesse de Caylus (1671-1729), nièce de madame de Maintenon et mère du célèbre archéologue, collectionneur et antiquaire. Les lettres envoyées par Conti de Venise s’achèvent avec le décès prématuré de la Comtesse au printemps 1729. Totalement inédites, souvent citées mais peu connues dans leur intégralité, ces lettres rédigées par Conti en français (corrigées de la main du Comte de Caylus) sont conservées à la Bibliothèque Nationale Marciana, à Venise. Conti y tient sa correspondante informée des évènements historiques, politiques, religieux et littéraires qui animent alors la scène italienne, européenne et vénitienne. Il parle aussi longuement de la vie musicale, des opéras de Vivaldi, Porpora… représentés dans les théâtres de la lagune, de l’arrivée de Farinelli à Venise, encore jeune prodige. Il envoie à la Comtesse un choix des meilleurs airs d’opéra du moment, ainsi que plusieurs cantates dont il avait écrit lui-même les livrets, mis en musique par Benedetto Marcello. Conti encourage vivement le Comte de Caylus à faire exécuter ses célèbres Psaumes par les chanteurs de la Chapelle Royale de Versailles. Cette correspondance est aussi un reflet des échanges artistiques et musicaux franco-vénitiens encouragés par Pierre Crozat dans les concerts privés et les réunions amicales que le riche mécène organisait dans son hôtel particulier à Paris et auxquels participaient assidûment à la fois le Comte de Caylus et l’Abbé Antonio Conti.
J’ai ajouté à cette correspondance le Discorso sullo Stato della Francia rédigé par Conti en 1930, après son retour en Italie, manuscrit que l’on croyait perdu, que j’ai retrouvé à l’occasion de cette publication à Udine, dans les fonds de la Bibliothèque Vincenzo Joppi. L’érudit et probablement agent diplomatique vénitien jette un regard acéré dans les coulisses de la vie politique française et européenne, révélant les agissements secrets des souverains et des plus éminents personnages de la cour à la fin du règne de Louis XIV, sous la régence de Philippe d’Orléans et au début du règne de Louis XV.
Geminiano Giacomelli, La Merope
(Venise, 1734), publication en fac simile de la partition manuscrite de l’opéra La Merope, conservée à Vienne (Gesellchaft der Musikfreunde), avec un essai introductif de 100 pages, « Il Teatro alla Moda dei rosignoli. I cantanti napoletani al San Giovanni Grisostomo » (Le Théâtre à la Mode des rossignols. Les chanteurs napolitains au San Giovanni Grisostomo »), coll. Drammaturgia Musicale Veneta (18), dir. Giovanni Morelli et Reinhard Strohm, Milan, Ricordi, 1984.
Publication du manuscrit de l’opéra La Merope, livret de Domenico Lalli et Apostolo Zeno, d’après le drame de Scipione Maffei (qui inspira aussi le drame de Voltaire), musique de Geminiano Giacomelli (1692?-1740), représenté à Venise lors de la saison du carnaval 1734. Cet opera seria fut interprété, entre autres, par deux des plus grands castrats napolitains de leur époque : Carlo Broschi dit Farinelli et Gaetano Majorano dit Caffariello. La partition est précédée d’un essai de cent pages qui montre la révolution que suscita à Venise l’arrivée des chanteurs napolitains, dont le style vocal et la virtuosité n’avaient jamais encore jamais été entendus.
Livres de Sylvie Mamy sur Venise dans un sens plus large
Balades musicales dans Venise du XVIe au XXe siècle
Trévise, Vianello Libri- Paris, Nouveau Monde éditions, 2006, 191 p. (livre illustré)
Passeggiate Musicali a Venezia dal XVI al XX secolo
Treviso, Vianello Libri, 2006, 191 p. (libro illustrato)
L’ambizione di questi sette itinerari musicali a Venezia, arricchiti da mappe e da molte fotografie a colori, è il racconto di una lunga e affascinante storia musicale e artistica, un invito a passeggiare tra palazzi e chiese, passando dai mitici ospedali ai leggendari teatri d’opera, dalle case dove vissero i celebri Monteverdi e Vivaldi alle dimore di Wagner, Liszt, Fauré, Stravinsky…, per immergersi nell’atmosfera sonora, sospesa tra passato e presente, di una Venezia musicale unica nel suo genere.